Piet Mondrian : l’évolution de ses oeuvres

Exposition Mondrian au Centre Georges Pompidou

Piet Mondrian (1872-1944) de son nom complet Pieter Cornelis Mondriaan nait à Amersfoort en Hollande. Il obtient à l’âge de 20 ans son diplôme de professeur de dessin mais renonce très vite à l’enseignement et est admis à l’académie des Beaux Arts en 1892.Il s’installe, en 1912, dans son atelier, à Paris, 26 rue du Départ. A partir de ce moment, il signe Mondrian avec un seul « a ».  En 1914, la première guerre mondiale influence son retour aux Pays-Bas où il va travailler à Domburg puis à Laren. L’année suivante, il fait la connaissance de Theo Van Doesburg et rencontre ensuite (1916) Bart Van der Leck. En association avec ceux-ci et d’autres artistes et architectes (Vilmos Huszar, Georges Vantongerloo, Jan Wils, Robert Van’t Hoff, Anthony Rok) il fonde le groupe et la revue De Stijl (« Le Style »). Dans le cadre de ce mouvement, est développé le néo-plasticisme. A partir de 1919-1920, on voit apparaître ses compositions en grilles de couleurs (bandes noires perpendiculaires d’épaisseurs inégales qui cloisonnent des plages de couleurs) et des tableaux losangiques.De Stijl, mouvement d’avant-garde du début du XXème siècle, est une revue (et un courant artistique) dirigée par Theo Van Doesburg de 1917 à 1931. Il s’agit d’une nouvelle compréhension de l’art.Ce courant artistique se caractérise par l’utilisation de lignes horizontales et verticales, de couleurs primaires (jaune, rouge, bleu), de non-couleurs (noir et blanc) autrement dit l’utilisation de la dynamique de la couleur pour représenter le monde.Ce mouvement se diffuse dans divers domaines : la peinture, la sculpture, dans l’architecture extérieure, les aménagements intérieurs du mobilier, des arts appliqués et le design.

L’oeuvre complète de Piet Mondrian traduit une évolution perpétuelle.

Ses premières œuvres sont influencées par le fauvisme
 

Dévotion, 1908, huile sur toile, 94 x 61 cm

Dans son œuvre Dévotion, des grandes lignes de couleurs son perceptibles. Il y a une opposition entre les couleurs froides et les couleurs chaudes. L’utilisation de couleurs vives est caractéristique du fauvisme.
Fauvisme : « fondé sur l’exaltation provocante de la couleur pure, le fauvisme n’est pas un mouvement à théorie et manifestes : c’est la conjonction très brève d’individus venus d’horizons différents, qui divergeront ensuite, mais qui pour un moment découvrent leur volonté commune d’en finir avec l’art officiel et les séquelles de l’impressionnisme. On y voit la construction de l’espace par le seul effet de la couleur, les aplats sans modelé ni clair-obscur, la simplification du dessin en larges cernes sombres, l’utilisation des tons (où dominent le rouge et le vert) sans référence illusionniste, tel est leur langage complètement nouveau qui s’étend bien au-delà de Paris. A la fin de l’année 1907, le fauvisme éclate en diverses tendances, dont la moindre n’est pas le cubisme, qu’il aura largement contribué à préparer. » (définition extraite de : Dictionnaire de l’art moderne et contemporain).

 

Paysage de dunes, 1911, huile sur toile, 141 x 239 cm

Sur cette peinture, les lignes cloisonnent l’espace et délimitent les plages de couleurs.

Les arbres : une source d’inspiration pour Piet Mondrian
Progressivement, Mondrian abandonne les couleurs du fauvisme et commence à représenter ce qu’il nomme des « réalités naturelles », les arbres. Ses traits se font de plus en plus légers.

Le bois près d’Oele, 1908, huile sur toile, 128 x 158 cm

 

Le cubisme tient également une place importante dans sa peinture

Arbre gris, 1911, huile sur toile, 79,7 x 109,1 cm

Dans cette œuvre, on note une réelle influence du cubisme. Mondrian utilise des nuances de gris, couleur caractéristiques de ce courant artistique. Il rompt avec la représentation des arbres qu’il faisait auparavant. Ici, tout en gardant l’aspect du détail, Mondrian illustre des forces qui s’affrontent (branches d’arbres).
Cubisme : mouvement artistique né en 1906-1907, qui rompt avec la vision naturaliste traditionnelle en représentant le sujet fragmenté, décomposé en plans géométriques inscrits dans un espace tridimensionnel de peu de profondeur.

Composition Arbres II, 1912-1913

 Mondrian utilise un camaïeu de gris et un assemblage de plans qui structure l’œuvre. En comparaison avec l’Arbre gris (œuvre ci-dessus), le courant artistique du cubisme est très clairement illustré dans cette œuvre, les arbres y sont représentés de façon fragmentée avec des formes géométriques. Ceci est un exemple de l’évolution des œuvres de Mondrian.

Puis viennent les ovales

Dès 1913, les compositions dans l’ovale de Piet Mondrian reflètent une abstraction totale de ses œuvres. La forme ovale qui délimite les tracés est choisie bien que la forme du cadre rectangulaire soit gardée, l’objectif étant que la composition n’occupe pas les angles du tableau.

Jetée et océan 4, 1914, fusain sur papier, 51 x 63 cm

 Mondrian vise à représenter des faits naturels réalistes à travers des tirets horizontaux et verticaux relativement fines. En ce qui concerne les deux œuvres ci-dessus, la mise en place des tirets symbolise les vagues.

La diffusion du néo-plasticisme

En 1917, la revue De Stijl est créée, Piet Mondrian en est le co-fondateur. Cette revue permet la diffusion du néo-plasticisme. Il s’agit d’une doctrine picturale qui prône l’usage exclusif de figures géométriques simples et des trois couleurs primaires (auxquelles peuvent être jointes les trois non-couleurs que sont le noir, le blanc et le gris). C’est également l’idée d’une nouvelle mise en forme, d’une appréhension plus conceptuelle de la création basée sur des valeurs universelles.
Il délaisse les sujets tristes et banals tels que les phares, les moulins ou les arbres pour s’intéresser à la tension des couleurs. C’est à partir de ce moment qu’il peint ce qu’il nomme « Composition ». Elles sont caractérisées par des lignes noires horizontales et verticales et des plans de couleur. L’objectif du peintre est d’inhiber l’idée de volume et de profondeur. Il met en place un jeu entre les couleurs primaires (rouge, jaune et bleu) et les non-couleurs (noir, blanc et gris).
«  Je construis des lignes et des combinaisons de couleurs sur des surfaces planes afin d’exprimer avec la plus grande conscience la beauté générale. » (Piet Mondrian à H.P Bremmer ; 29 janvier 1914)

Composition en plan de couleur A, 1917, huile sur toile, 50 x 44 cm

Il s’agit d’une de ses premières compositions appartenant au mouvement néo-plastique. Mondrian hésite encore dans la constitution de ses œuvres. Il représente des rectangles à la fois superposés, qui se chevauchent ou qui se touchent.Ce tableau donne la sensation d’un éclatement et de mouvements et ce grâce à la discontinuité des tirets noirs.

Losange avec deux lignes et bleu, 1926, huile sur toile, 61,1 x 61,1 cm

Mondrian, à travers cette nouvelle forme de peinture, met en avant une couleur, ainsi que l’utilisation de l’angle droit. Ici, on peut remarquer que la couleur bleue ne se situe qu’à une extrémité de l’œuvre.

                

Composition avec rouge, bleu et jaune, 1930Tableau I, avec rouge, noir, jaune et bleu, 1921, huile sur toile, 103 x 100 cm

Tableau I, avec rouge, noir, jaune et bleu, 1921, huile sur toile, 103 x 100 cm

Ces deux toiles mettent en valeur les idées principales du néo-plasticisme. On note des asymétries dans ses compositions ainsi que des contrastes, des tramages noirs (lignes horizontales et verticales) et des plans de couleurs primaires. Les lignes noires structurent la toile et organisent l’espace avec une alternance de plans de couleurs primaires et de plans blancs ou de légers gris. L’angle droit est prédominant dans ses œuvres. Pour Mondrian, il est important de faire disparaitre la notion de centre, on parle de « déséquilibre équilibré ». Il n’y a pas de régularités dans l’organisation des plans de couleurs et aucune symétrie n’y est visible. On a la sensation que chaque œuvre fait partie d’une œuvre plus grande, que les lignes noires pourraient être prolongées. On pourrait définir chaque œuvre comme étant la pièce d’un puzzle.
 

Composition aux lignes jaunes, 1933, huile sur toile, diagonale 113 cm

Cette œuvre appartient à ce que l’on nomme « l’art minimaliste ». On a l’impression que ce tableau appartient à une composition plus vaste dans laquelle les lignes horizontales et verticales jaunes se prolongeraient.

Composition avec ligne double et bleu, 1935

Cette œuvre de Piet Mondrian illustre une évolution du néo-plasticisme car on peut remarquer que les « doubles lignes » se doublent voire se triplent. De plus, les intervalles entre les différentes lignes ne sont pas égaux.
Les œuvres de Mondrian possédant ces diverses caractéristiques peuvent être quelquefois intitulées « rythmes » car elles libèrent une harmonie rythmique de part la disposition discontinue des lignes.

Mondrian et l’architecture

Salon de Mme B. à Dresde, plan, 1926, encre et gouache, 70,5 x 70,5 cm

Une fusion entre la peinture et l’architecture est perceptible tout comme le changement de dimension. Dans l’architecture, Mondrian passe alors de l’absence de volume (2 Dimensions) caractéristique de ses tableaux à la 3 Dimensions. On note un contraste entre la forme ronde de la table et la rigueur de l’agencement des lignes présentes dans cette œuvre.

Entre le début et la fin de sa carrière, Piet Mondrian a composé une multitude d’œuvres de nature différente. Sa peinture a évolué suite à l’influence de plusieurs courants artistiques tels que le fauvisme et le cubisme. Son entrée dans le mouvement De Stijl, en 1917, marque un tournant dans son œuvre. Désormais, il compose des toiles répondant aux règles du néo-plasticisme (lignes horizontales et verticales noires, jeu de couleurs primaires et de non-couleurs).

À propos de maboiteaculture

Bonjour ! Étudiante en médiation culturelle, je vous présente un échantillon de mes visites et œuvres qui m'ont particulièrement marquée. Bonne lecture !

Laisser un commentaire